Le 7 juin 2008 avait lieu la Journée mondiale des océans. Ils couvrent 70 % de la superficie terrestre, sont de plus en plus pollués et l’ensemble de la vie marine est menacée par la surpêche. Depuis le début de l’ère industrielle 48 % de la pollution atmosphérique de CO2 est absorbée par les océans qui jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat. Ils sont à bout de souffle.
Le fort développement du trafic maritime, la vétusté de certains navires et le manque de formation de certains équipages ont des impact sur les habitats marins : déballastages, rejets de déchets, dégazages sauvages…. Aux pollutions strictement marines, il faut ajouter les pollutions d’origine terrestre (eaux d’égout non traitées, engrais, pesticides, produits chimiques…) qui représentent plus de 75 % de la pollution des océans. Entre Hawaii et la Californie existe une vaste plaque de déchets de plusieurs millions de tonnes, formant une île plus grande que la France. Dans toutes les mers y compris dans les régions polaires on trouve des déchets flottants composés, notamment, de tout ce que l’industrie peut produire en plastique. Ces polluants terrestres contaminent toute la chaîne alimentaire, du plancton jusqu’à l’humain. La surexploitation et la mauvaise gestion des pêcheries ont déjà entraîné quelques effondrements spectaculaires de pêcheries. La zone de pêche à la morue au large de Terre-Neuve, s’est effondrée en 1992. Les stocks de cabillaud en mer du Nord et en mer Baltique prennent désormais la même direction. Le stock de poissons n’est plus que le 6e de ce qu’il était en 1990. Les trois quarts des extinctions se sont produites depuis 1972. La pêche industrielle a détruit plus de 90 % de la population mondiale de marlins, d’espadons, de thons et de raies. Quatre fois plus de poissons pêchés qu’il y a 50 ans ! Grâce aux sondeurs acoustiques, aux appareils à ultrasons, aux systèmes de navigation électroniques, aux hélicoptères et à la photo satellite, les pêcheurs sont aujourd’hui capables de localiser les bancs de poissons même dans des eaux troubles et peuvent donc déployer leurs filets parfois immenses avec une marge d’erreur quasi nulle. Les poissons n’ont aucune chance. Le chalutage de fond consiste à tirer d’énormes filets lestés sur le plancher de l’océan. Des grandes plaques de métal et des roues de caoutchouc attachées à ces filets se déplacent au fond et détruisent presque tout sur leur passage. Au rythme actuelle du chalutage, les fonds accessibles auront été labourés d’ici 16 ans. Etant donné que les bateaux se spécialisent en général dans une, voire quelques espèces, tous les autres poissons pris dans les filets, pourtant eux aussi comestibles, sont rejetés à la mer morts ou blessés. C’est la pêche aux crevettes tropicales qui donne lieu au plus grand gaspillage. Pour chaque kg de crevettes tropicales, 10 kg de poissons et autres animaux marins sont capturés accidentellement et rejetés à la mer. Quelque 85 millions de tonnes de poissons sont prélevées à chaque année, soit quatre fois plus qu’il y a 50 ans. Un certain nombre de pays s’ingénient depuis des décennies à empêcher que soient définis des quotas de pêche basés sur les recommandations scientifiques. A l’échelle de la planète, deux fois plus de bateaux de pêche sont en circulation que ne l’autoriserait un développement durable et harmonieux de ce secteur économique. Les conséquences de la surpêche sont dramatiques : 17 % des espèces pêchées à des fins commerciales de par le monde sont déjà surexploités et 52 % risquent de l’être à très court terme. Parmi les espèces les plus mal en point, on trouve le cabillaud, le flétan de l’Atlantique, la baudroie (ou lotte), le sébaste et l’espadon. Des espèces comme le thon rouge et différentes espèces de requins et de raies sont même en voie d’extinction. De plus, on exploite les zones riches en poissons dans les régions en développement à des prix dérisoires (0,75 euro le kg de thon (1,20 $)) dans un accord récent signé entre la France et la Mauritanie). La pêche illégale – communément appelée de manière plus prosaïque et technique : pêche illicite non déclarée et non réglementée (illegal, unreported and unregulated fishing, IUU) – est le fléau des océans. En 2001, on a dénombré 1 300 navires illégaux pratiquant la pêche industrielle. Beaucoup parmi les pêcheurs ne respectent pas les quotas et les effectifs baissent à vue d’œil. En Méditerranée, un thon rouge sur trois est capturé illégalement. Souvent vidé et nettoyé à bord du bateau de pêche, le thon est ensuite transféré sur un bateau réfrigérant. Celui-ci transporte ensuite son butin jusqu’au Japon ou dans d’autres pays extra- européens sans que la marchandise ne soit amenée à terre et enregistrée dans un port européen.
Réserves marines et ça presse ! Seulement 0,6 % de la surface des océans est protégée Les réserves marines sont un outil mondial indispensable à la protection de l’environnement marin, y compris contre la pollution liée en particulier à l’élimination des déchets (déchets radioactifs, munitions et dioxyde de carbone). Les réserves marines à grande échelle sont des zones fermées à toute extraction, comme la pêche et l’exploitation minière, ainsi que l’élimination des déchets. Dans ces endroits, il peut y avoir des zones centrales où aucune activité humaine n’est autorisée, par exemple dans les régions qui servent de référence scientifique ou dans les lieux où les habitats ou les espèces sont particulièrement sensibles. À l’intérieur des réserves, la taille des populations augmente et les individus vivent plus longtemps, deviennent plus grands et développent une capacité reproductive accrue. Environ 250 000 espèces marines sont connues – entre 500 000 et 1 million restent à découvrir ! Greenpeace prône l’établissement de 40 % de réserves marines (équivalant aux aires protégées terrestres) pour la préservation des océans. Ça presse ! De plus Greenpeace a édité un guide de consommation du poisson, Et ta mer, t’y penses ?, qui peut-être consulté en ligne : www.greenpeace.fr/presse/oceans/GuideEco-Conso.pdf
Clôde de Guise
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