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L’ÉTAT DE DROIT(E)

Le suave Stephen Harper est un type à surveiller de près. Mieux : il faut dès maintenant organiser une résistance systématique contre ce doucereux. A peine au pouvoir, il se conduit comme un faucon sous un autre plumage.

La guerre ! Il nous enfonce dans la guerre. Le Canada est maintenant un pays en guerre, contre une certaine tradition de réserve et de quelque distance à l’égard de la politique impérialiste et guerrière des Etats-Unis. C’était commencé avec Martin. Nous voici maintenant presque en commandement des opérations de la « coalition » en Afghanistan, et pour l’heure en action dans la zone la plus exposée du pays.

Personne n’a été consulté sinon par un débat bidon aux Communes, où l’opposition, mains liées, ne pouvait pousser trop loin le blâme sans risquer de provoquer (et de perdre) des élections qui auraient probablement accru la représentation conservatrice au parlement.

Copain-copain avec Bush dont il copie la politique, Harper est en passe d’imprimer déjà au pays un radical virage à droite absolument conforme aux volontés de Washington. Cela ressemble peu à la politique canadienne, jusque-là plus subtile, plus réticente, moins prise pour acquise par le gouvernement américain. La résistance québécoise traditionnelle elle-même est en danger et l’opinion risque de vaciller.

Louis Cornellier, dans Le Devoir du 8 juillet, fait la recension d’un livre de Pierre Dubuc intitulé Le vrai visage de Stephen Harper. Dans cet article, Cornellier, s’appuyant sur cet ouvrage, brosse un tableau dévastateur des tendances idéologiques du faux jeton qu’est le premier ministre, cet « obsédé militaire, compagnon de route des fondamentalistes religieux, homme de main des pétrolières, ami des possédants, penseur anti-Québec ». Le portrait est saisissant. Harper, douceâtre, « innocent », est un type dangereux.

Et l’État de droit, qu’en est-il sous sa gouverne ? Trop tôt pour le dire, mais voici peut-être un indice. Qu’advient-il des « terroristes » arrêtés à Toronto en juin ? Leurs avocats soutiennent qu’ils ont été torturés. L’État de droit(e), comme aux Etats-Unis ?

Le tribunal a de plus prononcé une ordonnance de non-publication. En outre, mi-juin, on annonçait une enquête sur ces allégations de torture. Curieusement, pas de nouvelles depuis, et cela remonte à un mois. Le gouvernement ne s’explique toujours pas. Est-ce la politique du secret, de l’infamie secrète, comme dans les prisons également secrètes américaines, où le droit n’existe plus ?

Harper est au mieux avec Bush, ce qui n’est pas surprenant. La politique canadienne devient-elle la politique américaine tout simplement ? Une bonne partie des Québécois, à l’heure présente, ne se rend pas compte de cet incroyable glissement. Rien n’est plus urgent que de provoquer un raidissement dans l’opinion.

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