Dans le monde animal, lors de conflits territoriaux importants, huit animaux puissants et développés ont pris l’habitude de se réunir pour cacasser et jacter sur la question. Pour étudier cette dynamique de l’évolution, prenons un exemple concret et récent qui oppose l’ours du désert aux abeilles guerrières.
Il y a plusieurs années, agacé par des changements de tanières trop fréquents, un vieil ours est venu s’installé en plein milieu du désert, retournant ainsi à ce qu’il à son lieu de naissance. En s’installant tout en haut de la chaîne alimentaire, il a déréglé l’équilibre précaire qui régnait dans la région. En faisant une place pour hiberner enfin, il a écrasé quelques ruches et causé la mort de plusieurs abeilles qui proliféraient dans ces terres arides.
Depuis ce temps, la vaste majorité des abeilles ont réorganisé leur survie tandis que d’autres se sont opposées violement à la présence de l’ours. Ces abeilles s’attaquent directement à lui pour protéger leur ruche et, en le piquant, sacrifient leur vie. Réagissant à ces piqûres désagréables, mais loin de lui être fatales, l’ours donne de larges coups de pattes qui endommagent au passage certaines ruches et tuent plusieurs abeilles, souvent innocentes.
Dernièrement, comme l’ours semble particulièrement actif et s’acharne à vouloir déraciner un cèdre qui abrite, entre autres, une ruche d’abeilles guerrières, les huit animaux puissants et développés ont décidé de se réunir.
Le vieux grizzli déchu et alcolo accueille ses semblables dans sa tanière délabrée. Les débats font rages et opposent les éternels ennemis. Au premier plan, l’aigle royal, dont la santé mentale semble s’être affaiblie considérablement dans les dernières années, appui comme toujours l’ours du désert. Il jure d’éliminer toutes les abeilles guerrières même si pour cela il doit tuer au passage les papillons, les fourmis et les moules zébrées. Discrètement, le vieux lion qui a perdu son panache approuve sans questionner.
Face à l’aigle, le coq impuissant et grandiloquent s’emporte, ergote et perd les quelques plumes qu’il lui reste à s’égosiller pour protéger son ancienne basse-cour. Par un jeu de miroir ingénieux, il tente en vain de faire croire à tout le monde qu’il a la même taille et la même prestance que son opposant. Malheureusement pour lui, l’aigle impérial dérangé et carnivore est plus préoccupant que le vieux coq mangeur de vers. À l’arrière scène, le dragon souri et garde son souffle.
Cette situation n’est pas inhabituelle. Toutefois, une surprise advient dans l’exemple qui nous intéresse. Le castor, un personnage mineur et de deuxième ordre qui avait plutôt l’habitude d’être sympathique et conciliant, change de ton. Lui qu’on voyait généralement travailler à rebâtir les liens entre les opposants se décide à montrer les dents de manière agressive. Or, comme il n’a aucune canine et qu’il ne peut exhiber que ses deux incisive ridicules, personne ne comprend, au départ, ce qu’il est en train de faire.
En tapant fort de sa queue plate, il s’explique. Il trouve que l’ours du désert agit de façon tout à fait mesurée en regard de la menace que représentent les essaims guerriers pour toutes les espèces. Au contraire de ce que soutient l’Organisation des Mammifères Unis (OMU), le castor ne croit pas que l’ours devrait s’arrêter maintenant. En fait, il offre même ses deux dents pour aller, au besoin, abattre le cèdre s’il s’avérait plus résistant que prévu.
Cette sortie surprenante est accueillie par un silence froid. Quoi qu’il en dise, le cèdre aurait bien le temps de tomber de vieillesse avant que le castor puisse se rendre jusqu’à lui. Les débats habituels reprennent sans que rien n’ait changé. Le castor, cependant, se satisfait d’avoir entraperçu un sourire discret de l’aigle pendant son laïus.
Pour l’ours du désert et les abeilles, ces discussions ne changent rien. D’un côté, l’appui indéfectible de l’aigle est la seule question importante. De l’autre, la sympathie touchante des petits animaux envers les abeilles n’ont que peu d’effet contre les mouvements brusques de l’ours. La mort et la souffrance des autres n’auront servi qu’à montrer les fantasmes d’un castor qui se voyait déjà pousser des ailes d’aigle.
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