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Le communautarus immobilis

Jadis une espèce dont la reproduction était relativement stable et contenue dans Hochelaga-Maisonneuve, le communautarus immobilis proliférerait aujourd’hui dans toutes les forêts du Québec, à tel point que les grands experts craignent une épidémie.

Ce petit animal hirsute et malpropre niche dans les bas fonds des quartiers populaires, dans des locaux humides, généralement dans des sous-sols ou des deuxièmes étages d’anciennes écoles primaires. Il se nourrit de compost, de recyclage et de souper-spaghetti. Les familles de communautaris vivent dans le mutualisme et l’entraide tout en contribuant à la stabilité de l’écosystème, puisqu’ils corrigent les inéquités de la loi de la jungle.

Or, ces petits animaux jadis plutôt peu nombreux et inoffensifs seraient, d’après le représentant du Conseil de la chasse et de l’exploitation du Québec, Michel « Killer » Gagnon, en voie de déferler sur l’ensemble du territoire, à tel point qu’on puisse parler d’épidémie d’immobilis :

« Avant, il s’agissait tout au plus d’une partie de notre patrimoine et de notre folklore que d’observer de haut ces petits animaux qui grenouillaient dans Saint-Henri ou Saint-Roch. Mais aujourd’hui, alors que le maintien de l’exploitation nous oblige à intensifier notre pénétration dans leur habitat, on constate une agressivité, une résistance farouche chez les immobilis qui les pousse à s’associer en meutes et à attaquer les chasseurs en villégiature », explique M. « Killer » Gagnon.

Lorsqu’il est pourchassé ou menacé, le communautarus immobilis utilise une arme de défense fascinante et inusitée. Son corps se couvre d’une carapace exosquelettique très dure et hérissée de dards enduits de venin paralysant.

Quiconque s’y frotte est immédiatement foudroyé par une paralysie immobilisante qui n’est pas sans rappeler les effets du curare.

« Les camps de chasseurs et de forestiers sont menacés. Plusieurs d’entre nous n’osons même plus sortir de la maison par peur d’être encerclés et immobilisés par les communautarus. Dès que nous tentons de pénétrer plus avant dans la forêt, des hordes de ces sales bestioles viennent nous faire bloquage. Nous sommes littéralement assiégés et pris en otage ».

Les chasseurs ont pourtant tout tenté pour amadouer les communautarus immobilis. Consultations, audiences publiques, tables de concertations, tanières à prix modique et autres nananes, généralement suffisants pour apprivoiser les animaux rébarbatifs, n’ont pas enrayé l’infestation.

Tous les projets d’exploitation en cours au Québec (le Cirque du soleil, le Casino, le Mont Orford, le Suroît, les condos) ont subi les contrecoups de la vague d’immobilis. « Je suis nostalgique de la belle époque de mon grand-père où nous pouvions chasser, exploiter, scalper et extorquer les gens en toute liberté, sans égard à l’environnement. Je me souviens, on pissait notre Wildcat dans les rivières en gang et on jetait nos cacanes dans les nids d’oiseau. C’est une tradition familiale chez nous », explique Michel « Killer », la larme à l’oeil.

« Aujourd’hui, je ne peux même pas prendre plaisir à torturer de petits animaux sans être attaqué par ces petits bestiaux hystériques et paralysants. On dirait qu’ils ont oublié que la démocratie, c’est la loi du plus fort. Ils pensent que parce qu’ils sont nombreux, ils savent nécéssairement ce qui est mieux pour eux. J’ai des petites nouvelles pour ces va-ten-guerre de la faune… », lance M. « Killer » Gagnon.

Dans l’objectif de mettre fin à l’invasion d’immobilis, le groupe de M. Gagnon ne recule devant rien. « Nous devons aller de l’avant coûte que coûte et permettre au développement économique de se poursuivre. S’il faut inonder le territoire du Québec en entier pour noyer ces poulamons de la contestation, nous le ferons. En plus, cela nous permettra de surproduire de l’énergie en caves et de faire la piasse en la vendant aux Amarécains. Think big, sti, c’est ce que je dis tout le temps », conclut Michel Gagnon, l’air visionnaire, superbe avec son Stetson et son costume safari douze poches.

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