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Mangeons d’la marde !!!

Dans le merveilleux monde de l’agriculture industrielle, les techniques utilisées provoquent de plus en plus d’intoxications. Qu’elles touchent l’environnement ou nos aliments, celles-ci finissent toujours dans nos assiettes. Quand ce ne sont pas des bactéries e-coli qui provoquent de graves intoxications potentiellement mortelles, on retrouve la salmonelle dans des tomates ou autres légumes, fruits de cette industrie démesurée et inhumaine.

Déjà, depuis la supposée « Révolution verte », les cocktails d’engrais chimiques, d’herbicides et de pesticides nous dressaient une tablée propice à nous causer des problèmes de santé à moyen ou long terme. Comme celui du tristement célèbre DDT, on ne compte plus les exemples de produits chimiques utilisés ayant causé des problèmes aux écosystèmes ou à la santé des animaux dont nous, les humains, faisons partie. Le cas des OGM, celui des farines animales et des boues d’épurations utilisées pour nourrir les sols agricoles ou encore les quantité phénoménales de purin de porc épandues contaminant diverses nappes phréatiques nous dessinent un avenir culinaire des plus inquiétants. Ici, il est question d’agriculture mais plus largement, au cours de notre vie, nous devenons sans cesse des dépotoirs ambulants de déchets toxiques.

Et chaque fois où des toxicologistes tentent d’élucider les causes de ces intoxications, les résultats nous font aboutir presque toujours aux mêmes responsables : une production de plus en plus importante à moindre coûts et ce, le plus rapidement possible. Les agriculteurs industriels connaissent pourtant bien les pièges de cette arnaque : effondrement des prix mondiaux, dumping, destruction socio-économique des communautés, dévalorisation totale des productions contaminées, etc. L’engrenage de l’endettement stratosphérique et la spécialisation des compétences agricoles n’offrent d’autres choix que la fuite en avant pour plusieurs agriculteurs.

Cette fuite en avant, c’est celle d’une société qui ne se pose presque plus de questions radicales relativement à son avenir. D’ailleurs, dans le cadre de l’émission Les années lumières du 6 juillet dernier, la Société Radio-Canada nous offrait un reportage fortement révélateur sur le sujet. Abordant les intoxications à la salmonelle dans les fruits, un expert gouvernemental nous révélait que le grand défi des prochaines années serait la traçabilité des aliments en vrac, c’est-à-dire, la capacité de retracer la provenance des aliments causant des intoxications. On nous racontait aussi, d’un ton tout à fait normal et scientifique, que ces intoxications étaient probablement causées par les déjections animales pathogènes non absorbées par les sols, merde animale utilisée pour engraisser les sols agricoles devenus trop pauvres. Avec le temps, ces bactéries pathogènes sont absorbées par les sols. Mais tout le monde doit évidemment se souvenir que le temps, c’est de l’argent…Peu de chances donc que la racine profonde du problème central dont il est question ici soit admise, reconnue inacceptable puis combattue. La crise alimentaire qui atteint déjà les pays occidentaux nous laisse entrevoir un avenir peu reluisant.

Bon an mal an, nous continuerons donc à manger d’la marde. Et ce ne sont pas les dispendieux aliments dits biologiques récupérés allègrement par les grandes chaînes qui atténueront cette tendance du fait que leur certification tienne souvent de vagues organisations obscures n’exposant pas les règles les régissant. Et que dire du fait que ces produits aussi contiennent une partie des toxines ambiantes ? On aura beau organiser des commissions sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire et formuler de belles recommandations et de beaux vœux pieux, sans analyse radicale, ces gestes, tout autant que nous, contribuerons à nous faire demeurer ce que nous mangeons. Bon appétit.

Martin Petit

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