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LA SÉCURITÉ ET LA PROSPÉRITÉ : DE QUI ? PAR QUI ? ET CONTRE QUI ? Une analyse féministe radicale du PSP

Du 19 au 21 août 2007 seront au château Montebello George Bush, Stephen Harper et Felipe Calderon, 3 hommes blancs occidentaux qui se réunissent pour parler du Partenariat sur la Sécurité et la Prospérité (PSP). Bien entendu, un des buts des trois hommes blancs d’Amérique est d’assurer la circulation des marchandises et LEUR prospérité économique et financière. Mais on discute de la prospérité et de la sécurité de qui ? De celle des hommes blancs occidentaux.

Ces trois hommes osent nous faire croire qu’il est nécessaire d’accroître la sécurité des trois pays nord-américains, parce que selon leur rhétorique, les frontières ne sont pas assez protégées contre les dits Talibans ou tous ceux qui pourraient leur ressembler physiquement (profilage racial en perspective…), bref contre ces hommes que l’Occident nous dépeint comme des monstres. Mais ce qui ne nous est pas dit, c’est que l’homme agresseur et l’homme sauveur peuvent être partout. Par exemple, notons que 10% des Marines, « hommes sauveurs » par excellence, avouent avoir violé une femme (Romito 2006 : 35).

Nous, femmes et féministes de l’Amérique du Nord, refusons le paternalisme de l’homme sauveur et des États occidentaux, qui prétendent nous défendre face aux grands dangers venus de l’extérieur. En effet, des années 1980 à aujourd’hui, la liste des pays où s’est exercé le viol systématique des femmes et des petites filles paraît interminable : Mexique, Guatemala, Salvador, Haïti, Colombie, Pérou, Chili, Argentine, Russie, Afghanistan (Romito 2006 : 36). Nous ne sommes en sécurité en aucun lieu, et nous sommes solidaires de ces femmes qui vivent dans les pays occupés au nom de notre « sécurité » occidentale, et qui devront subir les fougues à la fois des fondamentalistes religieux et de nos gentils « sauveurs », hommes, blancs, occidentaux, qui utilisent encore et toujours en 2007 le viol comme arme de guerre. Nous, femmes et féministes, nous déclarons apatrides, puisque aucun état n’a su nous protéger jusqu’à maintenant, ni à l’extérieur, ni à l’intérieur, contre sa propre violence.

Si on poursuit la logique patriarcale de sécurité des dirigeants réunis à Montebello, en prenant cette fois-ci en compte la situation des femmes, il faudrait alors bombarder le Canada, les États-Unis, l’Europe, car dans l’ensemble des pays industrialisés, LES FEMMES NE SONT PAS EN SÉCURITÉ ! En effet, dans ceux-ci, on dénombre que 20 à 30% des femmes auraient subi des violences sexuelles ou physiques (Romito 2006 : 40).

Au lieu de contrôler les frontières, il faudrait cibler l’État (est-il besoin de détailler davantage ?), les tavernes (lieux de consolidation du machisme et des pouvoirs masculins), les lieux de culte (contrôle du corps des femmes et de leur reproduction), les diverses « fraternités » (insécurité des femmes sur les campus. Ex : aux Etats-Unis, de 25 à 50% des étudiants avouent avoir commis un viol ou une tentative de viol), les entreprises (harcèlement sexuel au travail, insécurité financière des femmes, etc.), bref, tous ces espaces et institutions qui contribuent à l’infériorité politique, sociale et économique des femmes, et certainement pas à notre réelle sécurité.

Faisons un autre exercice : qu’est-ce qu’impliquerait une réelle prospérité / sécurité pour les femmes, et constituerait le moindre mal pour nous dans un système patriarcal toujours à renverser ? La cessation de toutes formes de violences (économique, physique, psychologique, sexuelle) faites aux femmes, davantage d’argent dans les programmes sociaux à l’intérieur (alors que les Etats-Unis investissent près de la moitié du budget fédéral dans la Défense), l’acquisition d’un statut pour les sans-papiers, un réel accès à l’éducation, à un travail décent, à des conditions de travail viables, quand on sait que les femmes constituent le groupe social le plus précaire, ce qui est vrai dans les pays occidentaux comme à l’échelle mondiale

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