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Encore un effort

Le site Internet du groupe d’entraide masculine l’Après-rupture offre à l’internaute béat un fichier au titre évocateur : liste_SansCouilles.txt (www.lapresrupture.qc.ca/liste_SansCouilles.txt). Cette liste donne 228 noms d’hommes, incluant le mien, qui ont pris publiquement des positions féministes à plusieurs reprises. La plupart de ces noms sont tirés d’une lettre ouverte intitulée La sous-représentation des femmes dans les universités est réelle, lettre publiée en mars 2003 dans Le Devoir AINSI que d’une pétition d’hommes qui s’opposent au remplacement du Conseil du statut de la femme et du Secrétariat à la condition féminine en Conseil de l’égalité des sexes. Cette pétition est en ligne sur le site sisyphe.org (http://sisyphe.org/article.php3 ?id_article=936).

L’Après-rupture se défend bien d’être masculiniste, c’est-à-dire de soutenir coûte que coûte l’identité et les rôles masculins traditionnels face aux revendications féministes. Cette liste noire nous permet raisonnablement d’en douter. Elle révèle en effet un sentiment de trahison ressenti par des hommes qui s’accrochent aux valeurs patriarcales et qui ressentent le besoin d’établir une différence sexuelle pour le moins primaire, sinon primitive. Condescendants et paternalistes, ils n’hésitent pas à nous infantiliser, à s’attaquer à notre personnalité, à ridiculiser notre virilité, à remettre en cause notre discernement et notre courage. Toutes stratégies rhétoriques fort viriles qui traduisent surtout une incapacité à se remettre en question. Sans parler de la vision des femmes et des homosexuel-les qui se trace en filigrane de cette langue macho.

Alors voilà. Non seulement n’est-il pas aisé pour un homme de s’intégrer et de militer dans la mouvance féministe (c’est-à-dire qu’une légitime méfiance est encore palpable quant à la place des hommes dans le mouvement féministe), mais voilà qu’en plus est-on traité comme des traîtres et des sous-hommes par nos frères biologiques. Et l’Après-rupture n’est que la pointe du gland, le manifeste des couillus qui parlent pour la masse ronchonnante des mâles menacés. Qui a dit que tout était réglé ? Messieurs mes frères de sexe et de genre, faites flasher vos Lumières, que diable !, le féminisme n’est pas encore allé trop loin.

Marco Silvestro

Féministe libertaire sans-couille et heureux

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