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Des fonds socialement responsables ? L’éthique du capitalisme

Nous sommes en plein temps des REER et comme à chaque année, des milliards de dollars venant des poches de petits épargnants se retrouvent sur les marchés financiers. Depuis plusieurs années, devant le nombre de plus en plus élevé de gens qui perçoivent le manque d’éthique de plusieurs entreprises, les institutions financières ont commencé à vendre des fonds éthiques, des fonds environnement ou d’autres fonds qui répondent à certaines restrictions dites éthiques.

Mais qu’est-ce que l’éthique ? En regardant la définition de l’éthique, celle-ci serait l’ensemble des valeurs morales admises. On doit alors reconnaître qu’à ce sujet, des écarts majeurs existent entre différentes personnes et entre différents groupes de personnes. Ces différences peuvent nous permettre de croire que des distorsions importantes risquent de se dresser entre les différents points de vue sur le sujet. Vérifions.

Chez Desjardins par exemple, ils ont créé un fonds Éthique Revenu, un fonds Éthique Équilibré et un Fonds Environnement.

Si nous débutons avec les deux fonds Éthique, le Revenu et l’Équilibré, nous y retrouvons sensiblement les mêmes sous-fonds gérés par d’autres société de placements. Pour éviter de vous perdre, les titres de Desjardins sont en français tandis que les sous-fonds sont en anglais.

Dans le fonds Éthique Revenu par exemple, 35,3 % de l’actif est placé dans le Ethical Funds Revenu, celui-ci comportant majoritairement des obligations du Gouvernement du Canada, ce qui n’est pas trop mal en soi. Il s’agit de savoir ce que le gouvernement a fait de l’argent récolté avec ces obligations. Pour le fonds Éthique Équilibré, 20,3 % est placé dans ce sous-fonds.

La deuxième plus grande part de l’actif du fonds Éthique Revenu – 22,2 % -, est placé dans le Ethical Growth Fund qui comprend des titres des dix sociétés suivantes : Banque de Nouvelle-Écosse ; Alcan ; Banque Canadienne Impériale de Commerce ; Société Aurifère Barrick ; Pétro-Canada ; Société Financière Manuvie ; EnCana Corporation ; Banque Toronto-Dominion ; Groupe Investors* et ; Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada. En bref, on y retrouve trois banques, deux pétrolières, deux compagnies d’assurances (dont une* très active dans la privatisation de la santé), un producteur d’aluminium, un producteur d’or et une compagnie de transport ferroviaire. Pour ce qui est du fonds Éthique Équilibré, 36,5 % de son actif est placé dans ce même fonds, le Ethical Growth Fund.

Dans ces deux fonds éthiques de Desjardins, 14,4 % du fonds Revenu et 14,5 % du fonds Équilibré sont placé dans le Ethical Funds Actions nord-américaines qui est constitué de titres des sociétés suivantes : Microsoft Corporation ; Intel Corporation ; Wal-Mart Stores ; MBNA Corporation ; Citigroup ; Lowe’s Companies ; American International Group ; Pfizer ; Dell et ; Amgen. Trois compagnies informatiques, deux banques, deux pharmaceutiques, deux chaînes de magasins à grande surface et une compagnie d’assurance.

Relativement au Fonds Environnement, voici la liste des dix titres dominants du portefeuille : Banque Royale du Canada ; Alcan ; Banque de Nouvelle-Écosse ; Petro-Canada ; Banque Toronto-Dominion ; Banque Canadienne Impériale de Commerce ; Financière Sun Life du Canada ; Société Financière Manuvie ; Suncor Énergie* et ; Banque de Montréal. Cinq banques, deux pétrolières dont une* œuvrant dans le domaine des sables bitumineux en Alberta , deux compagnies d’assurances et un producteur d’aluminium. Selon le Rapport annuel 2003 de Desjardins, « L’actif de ce fonds est investi principalement en actions de sociétés canadiennes responsables sur le plan environnemental. ».

Même les fonds de « travailleurEs » liés aux centrales syndicales ne sont pas éthiques dans la mesure où nous savons que celles-ci investissent dans des entreprises qui ne sont pas éthiques ou qui travaillent fort pour privatiser des services publics.

En sommes, si vous désirez investir éthiquement dans le système capitaliste, il vous faudra sortir du système puisque celui-ci est principalement géré par des banques et des sociétés de placements qui, comme nous venons de le constater, ne définissent pas l’éthique de la même façon qu’une collectivité au fait des activités nuisibles et destructrices des multinationales de l’exploitation tout azimut. Dans la mesure où les gens ne remplissent pas le petit carton qu’ils doivent poster pour recevoir le Rapport Annuel qui expose en détail les rendements et la composition de ces fonds, il leur est impossible de savoir que ces produits ne sont qu’une duperie monumentale, une façon de vendre de la fausse conscience.

Évidemment, tout cette question demeure éthique. Il s’agit alors de savoir si nous parlons la même langue.

Martin Petit Chercheur à l’IRIS www. iris-recherche.qc.ca petit@iris-recherche.qc.ca

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