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Analyse qualitative d’un téléjournal classique (Montrealus cesoirus) démontrant l’emploi abusif de l’expression « émission d’information » dans la langue vernaculaire.

Introduction (un peu familière)

Est-ce que c’est moi qui hallucine ou l’émission Montréal ce soir, à 18 heures à Radio-Canada atteint ces temps-ci des sommets en terme de désinformation et de sensationnalisme ? Non pas que j’aie de grandes attentes envers la télévision pour m’aider à comprendre le monde, mais j’aime à l’occasion admirer le travail des experts en fabrication du consentement.

Ma fibre masochiste devait être particulièrement vibrante ces derniers jours puisque je me suis tapé le Montréal ce soir à quatre reprises. Je m’étais mis dans la tête de prouver, chiffres à l’appui, que l’essentiel de ce qu’on nous présente à dix-huit heure à télévision d’État n’est pas de l’information mais se rapproche davantage d’une version télévisé de Allo Police. J’ai donc établi le mini-protocole de recherche suivant. Et j’insiste sur son objectivité. La même, en fait, dont se réclame les grands médias.

Méthodologie

J’ai d’abord noté, minute après minute, les sujets qui étaient abordés durant le premier quart d’heure de quatre Montréal ce soir pris au hasard (n=4). Ce fut, et de loin, la partie la plus éprouvante de l’expérience.

Je me suis ensuite livré à une petite « analyse qualitative » du contenu de chacun des topos et j’ai pu les classer en cinq catégories, soit 1) information, 2) meurtres et procès, 3) accidents, 4) température et 5) sport. J’ai ensuite additionné les minutes dans chacune des catégories pour tenter d’infirmer mon hypothèse de départ qui était, rappelons-le, que l’information à la télé d’État est ni plus ni moins que de la merde.

Résultats

Le tableau 1 illustre le minutage total ainsi que le pourcentage de temps alloué pour chaque catégorie. Hélas, à la lumière de ce tableau, il semble que nous nous acheminons plutôt vers une confirmation éclatante de l’hypothèse nulle…

Discussion

Je tiens d’abord à préciser que j’ai été très généreux dans la catégorie « information » (y incluant par exemple des topos sur le taxage dans le métro ou les sempiternelles urgences bondées) et que celles-ci étaient toutes locales ou nationales. Rien sur le reste du monde dans les quinzes premières minutes du laïus de Raymond St-Pierre qui fut, dans une autre vie, grand reporter à l’étranger.

Cette « information », au sens faible, occupe donc à peine le tiers du temps d’antenne, l’autre deux tiers étant constitué de ces diversions abrutissantes que sont les meurtres, les procès, les accidents, la température et le sport.

Conclusion

Elle est encore plus triste que vous pensez si l’on se souvient qu’un sondage publié il y a quelques années rapportait que près de 75 % des gens affirment que la télévision est leur principale source d’information…

BRUNO DUBUC

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