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Les plus gros mammifères au monde menacés d’extinction

Ce n’est pas parce que quelques centaines de baleines, mitraillés par des milliers de caméras et de paires de jumelles, nagent en eau calme à l’embouchure du Saguenay que tout baigne dans le monde des cétacés. Si vous pensez que les baleines sont sauvées, vous avez tort. Dans l’océan Atlantique, des cargos heurtent et tuent des baleines franches mettant en péril leur survie. Les bélugas du Saint-Laurent sont classés comme des déchets toxiques tellement le niveau de polluants est élevé dans leur chair. Plus de 300 000 dauphins, marsouins et baleines meurent accidentellement à chaque année dans les filets de pêche.

Les changements climatiques, l’appauvrissement de la couche d’ozone, le rejet de produits chimiques toxiques, la pollution sonore, etc. sont autant de phénomènes qui participent à la dégradation des océans. Mais, la grande menace qui pèse sur les baleines du monde entier est la reprise de la chasse commerciale.

Des trous béants dans les mailles du filet Depuis sa création en 1946 par l’ensemble des pays baleiniers, la Commission baleinière internationale (CBI) se réunit tous les ans pour décider du sort réservé aux baleines. En 1982, sous la pression des pays favorables à la protection des baleines, alors que de nombreuses baleines sont proches de l’extinction, un moratoire sur la chasse commerciale, interdisant toutes formes d’exploitation commerciale des baleines, est voté à la CBI. Entré en vigueur en 1986, le moratoire était déjà contourné par le Japon, la Norvège, l’ex-URSS, l’Islande et la Corée du Sud. Ces pays récalcitrants profitent encore de deux échappatoires dans la structure de la Convention Internationale pour la Régulation de la chasse baleinière soit l’objection qui permet à un pays de rejeter une décision qui va à l’encontre de ses intérêts nationaux et la chasse pour des motifs dits « scientifiques ». Résultat depuis l’instauration du moratoire 25 000 baleines ont été tuées dans le cadre des opérations de chasse déclarée et 7 000 sous le subterfuge de chasse « scientifique ».

La chasse baleinière a mené l’ensemble des espèces de baleines au bord de l’extinction. Chez certaines espèces, 90 % de la population originelle a disparue. On estime à plus de 1,4 million le nombre des baleines tuées au cours du XXe siècle. Une fois les populations des plus grosses baleines épuisées, les pays baleiniers se sont tournés vers les espèces plus petites en particulier le petit rorqual et le rorqual commun. Des espèces que l’on observe dans la région de Tadoussac au Québec.

Le pays du sushi : pilleur de baleines Le Japon est le pays le plus acharné pour faire lever le moratoire sur la chasse à la baleine. Il n’a aucun scrupule quant aux moyens utilisés pour arriver à ses fins. Le commerce de la viande de baleine rapporte 52 millions d’euros par année et se pratique toujours sous couvert « scientifique », depuis presque 20 ans. Pourtant, pas un seul article n’a été publié dans une revue scientifique.

Le Japon investit dans une campagne agressive pour convaincre l’opinion publique que les baleines sont une menace pour la conservation des stocks de poissons alors que la communauté internationale reconnaît que c’est la surpêche, avec l’apparition des bateaux usines, qui est responsable de l’effondrement des stocks, notamment de 90 % des grands poissons dans tous les océans de la planète : marlin, espadon, thon et raie.

Depuis l’an dernier, le Japon a mis en place une campagne d’achat de votes dans le but de contrôler la CBI. Il octroie des aides financières à des pays en développement en échange de la garantie d’un vote en faveur de sa position. Une douzaine de pays ont déjà été achetées. De plus, le Japon ajoute de la pression en demandant qu’à l’avenir le vote soit secret ainsi on ne saura plus qui vote pour qui et pourquoi.

Ces tactiques sont en train d’éroder l’équilibre au sein des 61 États membres de la CBI qui risque d’être à majorité simple pro-chasse (50 % des votes plus un). Pour la levée du moratoire sur la chasse commerciale, il faut une approbation à la majorité des trois quarts des membres. Ce qui donne un léger sursis aux cétacés mais pour combien de temps. Les Japonais sont des recruteurs rapides et ils pourraient remporter leur pari de faire lever le moratoire d’ici quelques années.

« Cétacé » Trois pays poursuivent actuellement des activités de chasse à la baleine : le Japon, la Norvège et l’Islande. Ils tuent environ 1 550 rorquals par année et quelques cachalots.

En 2005-2006, ils annoncent que le nombre augmentera à 2137. Pour contrer cette menace. Greenpeace tente d’obtenir un arrêt complet et définitif de la chasse à la baleine et demande :

La suppression de la chasse dite « scientifique ».

Que la CBI devienne une organisation de protection des baleines. Rappelons, qu’en créant la CBI en 1946, les pays baleiniers voulaient contrer l’effondrement des stocks de baleine.

La création d’un sanctuaire mondial.

L’interdiction de commercialiser les produits de la baleine.

Que les baleines soient toujours protégées par la Convention Internationale des Espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES). Bien sûr, le Japon met tout en œuvre pour certaines baleines ne soient plus protégées par la CITES.

La 57e rencontre de la CBI s’est déroulée, du 20 au 25 juin, dans la ville d’Uslan en Corée du Sud. À la veille de la rencontre, Greenpeace a organisé la première marche virtuelle au monde. Ainsi, le 19 juin, les visages 51161 personnes de 122 pays, s’opposant à la chasse à la baleine, ont été projetés sur une bannière de 20 mètres par 15 mètres déployée sur la plaza Lotte, un des endroits les plus achalandés de la ville d’Uslan.

Juste avant d’aller sous presse, nous apprenions que la proposition du Japon sur la reprise de la chasse commerciale a obtenu a obtenu 23 votes pour et 29 votes contre. Les baleines peuvent respirer en paix, elles l’ont échappée belle pour cette année mais la vigilance demeure de rigueur.

Clôde de Guise

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